Au fil de la Loire : Les forces collectives qui rapprochent les communes

24/07/2025

L’organisation intercommunale : une réalité quotidienne

Depuis le début des années 2000, la France connaît un renforcement du rôle des intercommunalités. Dans le territoire Cœur d’Estuaire, c’est la Communauté de Communes Estuaire et Sillon (CCES) – réunissant 11 communes et plus de 47 000 habitants (source : CCES) – qui orchestre la grande majorité des projets collectifs. Son objectif : mutualiser les moyens, accentuer la solidarité, et proposer des services à l’échelle de plusieurs communes, logiquement inséparables.

  • Éducation : une quarantaine d’écoles maternelles et primaires coordonnées pour garantir l’accès à tous
  • Petite enfance : 6 structures multi-accueil pour la garde des tout-petits
  • Soutien à l’économie locale : près de 1000 entreprises accompagnées et plusieurs parcs d’activités gérés collectivement

Concrètement, la CCES intervient sur des dossiers aussi divers que les transports (lignes scolaires et interurbaines), la gestion de l’eau potable, la collecte des déchets, l’animation jeunesse (45 animateurs et animatrices embauchés chaque année en moyenne), le déploiement du très haut débit, ou la coordination des bibliothèques et médiathèques.

Culture, sport et lien social : des passerelles vivantes

La culture et le sport sont parmi les moteurs les plus fédérateurs du territoire. Coopérer sur ces thématiques, c’est permettre à chacun·e de profiter de l’offre locale, quelle que soit sa commune. L’exemple le plus parlant reste le réseau de médiathèques intercommunales : 7 structures reliées par une carte unique et des animations partagées toute l’année (près de 115 000 prêts en 2023, en hausse de 12 % sur 5 ans selon la CCES). Autre initiative remarquable : chaque été, le festival intercommunal « Les Rendez-vous au Quai » alterne spectacles, concerts et temps forts entre les rives du Pellerin, Cordemais et d’Indre, en s’appuyant sur une régie technique mutualisée et de nombreux bénévoles traversant les communes.

  • Sport : une centaine d’associations fédérées et plus de 31 équipements sportifs gérés par la communauté
  • Animation jeunesse : 4 espaces jeunes et un large programme d’activités communes
  • Accès facilité pour tous : offres tarifaires harmonisées et transport adapté, indispensable dans un territoire rural

Un autre pilier de cette dynamique ? Le soutien aux associations et aux initiatives citoyennes : fonds de développement local (257 000 € mobilisés en 2023), accompagnement au montage de projets, mutualisation des salles et du matériel.

Pari collectif sur la mobilité : une révolution douce

La mobilité reste un défi central pour les territoires intercommunaux, et le Cœur d’Estuaire ne fait pas exception. Depuis 2018, la mutualisation du transport scolaire et des lignes régulières (avec Aleop, le réseau régional) a permis d’optimiser les coûts et de réduire l’empreinte carbone : 630 000 km parcourus en 2023 pour les trajets scolaires intercommunaux, selon le Conseil régional des Pays de la Loire.

  • Pistes cyclables intercommunales : près de 48 km réalisés ou sécurisés entre 2019 et 2024
  • Expérimentation du covoiturage : partenariat avec Mov’ici, près de 23 % d’usagers supplémentaires en 2022-2023
  • Service de transport à la demande (TAD) : plus de 9 600 trajets assurés en 2023, principalement par des aînés ou des jeunes sans véhicule

Des projets d’avenir ? Le déploiement de nouvelles « véloroutes », la création de haltes fluviales sur la Loire et la mutualisation des flottes de véhicules électriques sont discutés afin de renforcer l’interconnexion et préparer la transition énergétique.

Les ressources partagées et la gestion durable des espaces : un enjeu vital

Entre Loire, marais, vallées et bocages, la préservation du patrimoine naturel rassemble les acteurs locaux. La gestion intercommunale de l’eau, par exemple, s’avère capitale. La Station d’eau potable de Cordemais, outil collectif géré par le Syndicat Intercommunal d’Alimentation en Eau potable (SIAEP), sécurise l’alimentation de plus de 23 000 foyers, dans un contexte marqué par les épisodes de sécheresse récents (source : SIAEP Designation Cordemais).

Par ailleurs :

  • Plus de 300 hectares de zones humides protégées via des mesures intercommunales, notamment les marais d’Indre et le canal de la Martinière
  • Mise en commun de moyens pour la lutte contre les inondations et la régénération des haies bocagères
  • Le Plan Climat Air-Énergie Territorial (PCAET) regroupe cinq intercommunalités voisines, avec des objectifs de réduction de 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030

Les écoles rurales du territoire font également écho à cette dynamique collective. Plusieurs tranches de rénovations énergétiques sont réalisées simultanément sur différentes communes, permettant de mutualiser l’expertise technique et de baisser les coûts.

Économie locale et circuits courts : s’unir pour innover

L’union intercommunale profite également à l’économie rurale et artisanale : développement des circuits courts, soutien aux filières agricoles, marchés de producteurs créés ou dynamisés par l’action collective.

  • Création d’un portail en ligne recensant plus de 180 producteurs locaux sur 11 communes : ventes directes, paniers, AMAP, etc. (source : initiative “Manger Local en Estuaire”)
  • Plusieurs zones d’activités économiques pensées en intercommunalité pour favoriser la diversité des entreprises et leur ancrage
  • Accompagnement d’une quinzaine de collectifs de porteurs de projets par an (coworking rural, tiers-lieux de services, etc.). La « Maison Pour Tous » de Cordemais, animée en partie par la communauté, propose chaque année près de 70 événements à destination du grand public 

Enfin, l’accès au très haut débit – déployé sur l’ensemble du territoire entre 2019 et 2023 – résulte également de la mutualisation : 98 % des foyers couverts, un chiffre bien supérieur à la moyenne nationale en zone rurale (source : Insee/Arcep, mai 2023).

Gouvernance et participation citoyenne : une dynamique bien ancrée

Au cœur des coopérations se trouve aussi la façon dont les communes s’impliquent pour et avec leurs habitants. 83 % des projets inscrits au plan intercommunal 2022-2027 comportent une phase de concertation citoyenne (consultation, ateliers, comités consultatifs, etc.). Le budget participatif lancé fin 2022 dans trois communes pilotes (Le Temple-de-Bretagne, Fay-de-Bretagne, Bouée) a permis de financer 11 micro-projets choisis par les habitants, pour un montant global de 60 000 € (Source : Procès verbal du Conseil Communautaire, juin 2023).

  • Mise en place de comités consultatifs composés de citoyens tirés au sort ou volontaires (40 membres au total en 2024)
  • Création d’un « Conseil des Jeunes » intercommunal de 24 membres pour piloter la politique jeunesse
  • Développement de démarches d’open data sur la vie locale (portail numérique intercommunal depuis janvier 2024)

Nouvelles dynamiques à suivre

Les enjeux de demain se préparent dès aujourd’hui dans ce territoire, qui s’affirme comme laboratoire vivant de la coopération rurale. On remarquera :

  • L’émergence des projets intercommunaux sur la transition alimentaire et l’agroécologie (vergers conservatoires, grainothèques intercommunales à Bouée et Frossay)
  • L’expérimentation d’une station hydrogène à Indre (soutien de l’Ademe à hauteur de 1,5 M€ annoncé en 2023) : première en Loire-Atlantique à l’échelle intercommunale
  • Montée en puissance des démarches de tourisme durable, via une coordination entre offices de tourisme des deux rives pour promouvoir les itinéraires à vélo ou en kayak

Pour continuer à bâtir l’avenir

Dans le Cœur d’Estuaire, la coopération entre communes n’est ni une question d’obligation ni une affaire de grands discours. C’est un engagement tissé au fil du temps, fait d’allers-retours, d’écoute et d’ingéniosité, face aux besoins et aux aspirations locales. Ce modèle, toujours en mouvement, s’impose comme un creuset de solidarités et d’innovations rurales, où chaque action collective réchauffe le quotidien – tout en ouvrant la voie à de nouvelles manières de faire territoire ensemble.

Sources consultées : Communauté de Communes Estuaire et Sillon (www.estuaire-sillon.fr), Insee, Arcep, Conseil régional Pays de la Loire, SIAEP Cordemais, comptes-rendus des Conseils communautaires, associations locales, presse régionale (Ouest-France, Presse Océan).